Redrum / Jean-Pierre Ohl. -
Paris : Gallimard, 2019. - 227 p. ;
18 cm. - (Folio SF, 625).
ISBN 978-2-07-279277-9
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— C'est le rêve de
Dickens, déclara Télek.
— Qu'est-ce
que Dickens vient faire là-dedans ?
— Il
rêvait souvent qu'il pénétrait dans son
œuvre comme on entre dans une maison.
☐ p.
179 |
Invité
à participer à un colloque sur le
cinéma, Stephen
Gray se rend sur l'une des îles Hébrides
— qui
se trouve être le berceau de la famille de son
père …
C'est à Scarba, au point de
rencontre improbable entre la Kabbale, le cinéma
américain de la seconde moitié du XXe
siècle et les avancées de la technologie
informatique,
que Stephen Gray, après avoir négligé
l'avertissement d'un miroir, va se laisser prendre au piège
du
temps.
Le déroulement de l'intrigue est marqué de
cailloux blancs qui signalent goûts et
références
de l'auteur — Onésimos Némos
sur son sloop
fait penser au Capitaine Nemo ; le critique
français Morel
rappelle l'énigme tramée par un ami de
Borges ; les
évocations du cinéma sont
plus
directement affichées, jusqu'au jeu des clones de charme
qui accueillent les participants du colloque, de Gene Tierney
à Brigitte Bardot.
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NOTE
DE L'ÉDITEUR : Sur
une île au large de l’Écosse, Stephen
Gray, spécialiste de l’œuvre de Stanley
Kubrick, retrouve d’autres cinéphiles
passionnés comme lui par les vieilles bandes de la Fox ou de
la Warner. Il y rencontre le maître des lieux,
Onésimos Némos, inventeur de la Sauvegarde
— ce troublant procédé
informatique qui permet de
“ stocker ” la
personnalité des morts pour les ressusciter à la
demande …
Tout en explorant l’œuvre de Kubrick, Stephen
s’enfonce peu à peu dans un labyrinthe dont la
trame semble faite de ses propres hantises. Quel secret le lie
à Némos ? Et quelle
expérience indicible ce dernier
prépare-t-il ?
Subtil roman d’anticipation, rêverie sur le
désir et suspense retors, Redrum se referme
sur le lecteur comme un piège … dont il
n’a pas envie de s’échapper.
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Libraire et écrivain, Jean-Pierre Ohl
écrit de la science-fiction et des biographies
d'écrivains — Dickens et les sœurs
Brontë. |
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INCIPIT |
“ Dans
cinq minutes, Scarba : dernier arrêt avant trajet
retour ” dit la voix enregistrée.
Simultanément, l'ardoise numérique
répéta
le message trois fois, et un gros rocher compact m'apparut droit
devant, à moins d'un mile.
Depuis son appareillage
à Tarbert deux longues heures plus tôt, le navire
de
Caledonian MacFarlane avait desservi tout un chapelet d'îles
aux
noms gaéliques, éparpillant sur chacune d'elles
un maigre
contingent de randonneurs, quelques cyclistes, et deux ou trois
automobilistes du cru qui jetaient vers le ciel des regards inquiets.
Scarba n'avait rien de particulier par rapport à ses
semblables : elle n'était ni plus grande, ni plus
petite,
ni plus belle, ni plus laide, mais sa position en bout de ligne lui
donnait un aspect résigné, une
mélancolie
supplémentaire. Elle ressemblait à un gros pouce
replié tâtant la mer avec précaution.
Bientôt, à l'emplacement de l'ongle, je distinguai
l'ancien hameau de pêcheurs bâti autour d'un
cimetière. Le soleil venait de disparaître.
Les ruines étaient si tristes, coincées
entre un
ciel de plomb et une mer d'encre noire, qu'on suspectait les villageois
de s'être enfouis vivants dans les tombes.
— Pas de la région, hein ? dit
ma voisine.
☐ pp. 13-14 |
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COMPLÉMENT
BIBLIOGRAPHIQUE |
- «
Redrum », Talence : L'Arbre vengeur, 2012
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mise-à-jour : 1er
août 2019 |
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