La paternité dans
la psychologie primitive / Bronislaw Malinowski ; traduit de
l'anglais par Christian Isidore Angelliaume. - Paris : Allia,
2016. - 94 p. ; 17 cm.
ISBN 979-10-304-0120-2
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NOTE
DE L'ÉDITEUR :
Les croyances relatives à la conception des enfants trouvent,
dans les îles Trobriand, archipel de la Mélanésie,
une expression originale, dans une culture où règne une
grande liberté sexuelle. Pour les Trobriandais, un enfant ne
naît pas de l'union entre un homme et une femme, mais
réincarne l'esprit d'un mort. Il appartient dans sa chair au
clan de la mère. L'homme ne fait qu'ouvrir le vagin pour que
l'esprit y pénètre. Aussi, le père
n'apparaît pas aux yeux des Trobriandais comme un
géniteur. Son rôle n'en est pas moins essentiel : il
protège la femme, pourvoit aux nécessités
économiques de la famille et c'est lui qui prend soin des
enfants et se charge de leur éducation. Rôle ensuite
relayé par l'oncle maternel.
Cet essai bouleverse la
vision traditionnelle de la paternité et de la sexualité
en Occident et relativise nécessairement le complexe
d'Œdipe qui, depuis Freud, tient une si grande place en
psychanalyse. Il montre également avec brio la méthode
qui fut celle de Malinowski : une anthropologie de terrain, une
immersion à laquelle il invite en retour le lecteur. Ce petit
ouvrage est en tout fascinant.
❙ | Considéré comme l'un des plus grands anthropologues du XXe
siècle, Bronislaw Malinowski (1884-1942) a étudié
à l'université de Leipzig. C'est la lecture du Rameau d'Or
de Frazer qui le pousse à s'intéresser aux
sociétés primitives. Il est en Australie quand
éclate
la première guerre mondiale et risque l'internement, mais
l'administration
lui propose une mesure d'éloignement en Papouasie
Nouvelle-Guinée ; il en profite pour séjourner à
trois reprises aux îles Trobriand où il accumule
expériences, connaissances et
informations qui lui permettront d'écrire, entre autres, Argonauts of the Western Pacific (1922). |
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EXTRAIT |
Après
la mort, l'esprit va à Tuma, l'île de la Mort, où
il poursuit une existence agréable, semblable à la vie
sur terre — bien que plus heureuse. Nous nous enquerrons
plus loin des détails qui ont trait à la nature de la
félicité de cette existence dans laquelle les jeux
sexuels ont une part importante. Ici nous ne nous occuperons que d'une
seule caractéristique : jeunesse perpétuelle
préservée par les pouvoirs du rajeunissement. Chaque fois
que l'esprit (baloma) voit des
poils corporels recouvrir sa peau, que sa peau se ride et se plisse, et
qu'il s'aperçoit que ses cheveux deviennent gris, il mue, tout
simplement, et il apparaît dans un nouvel et jeune
épiderme — noire beauté, douce peau et totale
absence de pilosité. Pouvoir désirable de regagner une
jeunesse qui a jadis égayé l'humanité
entière […]. À Tuma, le monde d'en bas, ce
privilège enchanteur égaye toujours pleinement les
esprits.
Lorsqu'un esprit devient las de ces continuels
rajeunissements, après avoir mené une longue existence
“ en dessous ”, comme les autochtones la nomment,
il ressent l'envie de revenir une fois encore à la vie. Et
alors, d'un bond, il retourne loin en arrière en âge pour
devenir un petit enfant non encore né.
☐
pp. 28-29 |
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COMPLÉMENT
BIBLIOGRAPHIQUE |
- « The father in primitive psychology », London : Kegan Paul, Trench, Trubner & Co, 1927
- «
La paternité dans la psychologie primitive » trad. de
Christian Isidore Angelliaume, Viry-Châtillon : À
l'Écluse d'aval, 2006
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- « Les Argonautes du Pacifique occidental » préface de sir James Frazer, Paris : Gallimard (L'Espèce humaine), 1963
- « La
vie sexuelle des sauvages du nord-ouest de la
Mélanésie : description ethnographique des
démarches amoureuses, du mariage et de la vie de famille des
indigènes des îles Trobriand, Nouvelle-Guinée
britannique » préface de M. Havelock Ellis, Paris :
Payot (Bibliothèque scientifique), 1931
- « Les
jardins de corail », Paris : François Maspero
(Les Textes à l'appui, Sociologie), 1974
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- « Journal d'ethnographe », Paris : Seuil, 1985
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mise-à-jour : 8 août 2019 |
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