La musique des Kerguelen /
Olivier Bass. - La Rochelle : La Découvrance, 2009.
- 150 p. : 21 cm.
ISBN
978-2-84265-622-5
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«
Et vous, n'entendiez-vous pas les bourrasques du vent autour de la
chapelle ? Si, bien sûr … Mais
vous n'entendiez que
les bourrasques du vent … »
☐ p. 110 |
Marc
Dévarenne est embarqué sur le Marion
Dufresne en
route vers les Kerguelen. Ce pourrait être une navigation de
routine pour un équipage rôdé au vent
et à
une mer tumultueuse, mais l'appel de détresse d'un chalutier
japonais oblige le Marion Dufresne à se porter au secours
des
rescapés d'une fortune de mer peu banale
— dont les
circonstances s'éclaireront une fois le navire
arrivé
à bon port, aux Kerguelen.
Quant
au sort du protagoniste
involontaire des évènements tragiques survenus au
cœur des quarantièmes rugissants, il sera
dévoilé furtivement, des années plus
tard, au
sortir d'un concert symphonique à Paris :
« Vassili
est mort à Oulianovsk il y a trois ans. Dans ses courriers,
souvent il racontait la musique des
Kerguelen … »
Lieutenant
dans la marine marchande, Olivier Bass réussit, avec ce
premier
roman, une variation originale sur le thème rebattu du
récit d'aventure maritime. La musique de Chostakovitch
s'accorde
au déchaînement de la mer et du vent non moins
qu'à
l'engagement et aux passions à l'origine du drame.
Ce que dit Olivier Bass :
Ces
terres mystérieuses, je m'y suis rendu au cours de l'une de
mes
navigations. C'était sur un navire
océanographique,
où je travaillais comme officier mécanicien. Si
pour le
marin de commerce que je suis, l'escale n'est qu'une brève
parenthèse dans la langueur du voyage, cette excursion aux
Terres Australes, aussi courte fût-elle, a eu la
faculté
de me poursuivre bien au-delà du voyage, et d'alimenter mes
rêves des années durant. On n'oublie pas les
Kerguelen. On
ne revient pas indemne d'un voyage aux Kerguelen.
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EXTRAIT |
Je m'attardais sur un plan détaillé de
l'archipel.
Ce n'était pas une carte de navigation, mais
plutôt une
carte de repérage laissée à la
passerelle par un
des scientifiques. Je la pris en main pour la mettre de
côté, puis je me mis à la lire. Oui, la
lire, comme
un roman, tant la toponymie de ces îles était
chargée d'images.
D'habitude, les lieux
portent des appellations qui se sont forgées au fil des
siècles, créées, puis
modelées par la
coutume, déformées par les habitudes, les
prononciations,
comme si le nom et le lieu avaient toujours été
liés, comme s'ils avaient évolué
ensemble. Ici,
aux Kerguelen, la terre a grandi sans l'homme. Elle a grandi sans nom.
Et quand l'homme est arrivé, il y a peu, la
première
chose qu'il a fait semble-t-il, a été de baptiser.
Il a nommé. Chaque rocher, chaque vallée, chaque
ruisseau. Il a nommé avec des termes qui pour lui
évoquaient des lieux, des femmes, des dieux. Il a mis des
noms
sur les choses, sans contrainte, comme s'il emplissait une page vierge
au son des mots qui traduisaient ça et là ce
qu'il vivait
et ce qu'il voyait, et il a transformé l'archipel en
poème.
Val d'Enfer, Vallée des
Trolls, Val des Orgues ; Port-aux-Français,
Port-Couvreux,
Port-Bizet, Port-Jeanne d'Arc ; Presqu'île des Pas
perdus,
Îlots Bobzien, Îlots Cancale, l'Île
Noire ;
Plateau d'Hermeaune, Pointe Laure, Val Danièle, Lac
Aphrodite,
Pointe Charlotte, Mont du Grésil, Mont du Fer à
Cheval ; Monts des Fées, Mont Berlioz ;
Mont Ross et
Mont Chaotique ; Petit Ballon, Grand Ballon, Mont Ventoux,
Plateaux de Sauveterre, du Larzac et du Méjean ; la
Passe
du Vercors, les Mille Névés, la Grande Casse,
l'Anse du
Gros ventre, le Halage des Naufragés, les Hauts de
Hurlevent, le
Nunatak de Laparrent, le Volcan du Diable, la Coulée de
Vulcain,
le Puy de Saint-Théodule …
☐ pp. 89-90 |
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COMPLÉMENT
BIBLIOGRAPHIQUE |
- [Commission territoriale de toponymie :
Territoire des Terres Australes et Antarctiques Françaises,
avec le
concours de Mme Gracie Delépine], « Toponymie des Terres
Australes », Paris : Commission
territoriale de toponymie, 1973
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mise-à-jour : 14
décembre 2009 |
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