Salim Hatubou

Comores Zanzibar / Comoros Zanzibar (bilingue français-anglais), photographies de Jean-Pierre Vallorani, préfaces de Ken Loach et d'Alain Mabanckou

Françoise Truffaut

Paris, 2007
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parutions 2007

Comores Zanzibar = Comoros Zanzibar [bilingue français-anglais] / textes de Salim Hatubou ; photographies de Jean-Pierre Vallorani ; préfaces de Ken Loach et d'Alain Mabanckou ; traduction en anglais par Eva Rogo-Lévénez. - Paris : Françoise Truffaut, 2007. - 127 p. : ill. ; 23 cm.
ISBN 978-2-9516614-9-3
JEAN-PIERRE VALLORANI : J'écris ces lignes presque douze années exactement après le meurtre d'Ibrahim Ali, à Marseille, abattu à dix-sept ans par un colleur d'affiches du Front National. J'habitais alors à Paris, et j'ai ressenti presque aussitôt le besoin de photographier Marseille, où je suis né, en marchant dans les pas de ceux qui venaient d'y arriver, venus de l'océan Indien, ces Comoriens si nombreux dont la France découvrait l'existence avec l'assassinat d'Ibrahim.

Très vite je suis tombé sur un roman de Salim Hatubou, marseillais d'origine comorienne, très vite il a bien voulu mêler ses mots à mes images, et c'est devenu Métro Bougainville.

Nous avons raconté un Marseille sombre et inhospitalier, où le racisme s'exprime de mille façons, où les édiles peuvent rêver tout haut de faire disparaître du centre ville sa population immigrée.

Salim racontait l'histoire de son grand-père, avec une poésie sobre qui lui permet de mettre à distance sa colère. Salim est un homme en colère. Et je partage ses colères. Avec lui, mon travail photographique s'est orienté vers la recherche de ce sentiment d'exil, ce vide, ou ce déchirement, qui peut ôter tout sens à une vie.

Les voyages à Zanzibar et aux Comores étaient une recherche de sens. Pour Salim, parti sur les traces de sa mère, morte si jeune. Pour moi, suivant le fil de cette question de l'ailleurs, de l'absence et de la solitude. Nos routes, pendant ces voyages, se sont confondues, croisées, parfois éloignées. À Dar-es-Salam, à Milépvani, à Stone Town, à Hahaya, la couleur de la peau n'est pas plus anodine qu'à Marseille.

L'idélologie de la haine prospère et se répand. La peur de l'autre fait se baisser les yeux et repousse la main qui se tend. Elle se nourrit de simplifications dangereuses, de discours racoleurs, d'émissions formatées.

La réalité est complexe, infiniment nuancée, infiniment savoureuse, et toujours mystérieuse.

I am writing these words today, almost twelve years after the death of Ibrahim Ali in Marseilles, shot dead by a Front National billsticker, at the age of seventeen. At that time, I was living in Paris, but felt an immediate urge to photograph Marseilles, the city where I was born. To do this by following the footsteps of those who had just arrived from the Indian Ocean. Thus, the existence of those numerous Comorians that France was only discovering following the assassination of Ibrahim. Within a short time, I came upon a novel by Salim Hatubou, an inhabitant of Marseilles of Comorian origin, and soon we embarked on collaboration, combining his words with my images. In short, the Metro Bougainville was born. In it, we related the story of a melancholic and inhospitable Marseilles where racism can be heard in a thousand forms, where dignitaries' dream of getting rid of its immigrant population from the city center is louder than words. Salim related his grandfather's story in a sober poetic form, enabling him to keep his anger at bay. Salim is an angry man, and I too, share is anger. In his company my photographic work turned towards the research for the exile sentiment, the emptiness, or this heartbreak that can make life completely senseless.
The voyages to Zanzibar and to the Comoros islands were a research for the inevitable sense to life. For Salim, it was going back to the footpaths of a mother who died so young. Whereas for me, to follow the sensational inquest of the absence and solitude of elsewhere. During these voyages, our paths converged, crossed one another, and at times, separated. In Dar es Salaam, in Milépvani, in Stone Town, or in Hahaya, the colour of the skin is not less significant as in Marseilles. The ideology of hatred is thriving and wide spread. The fear of the other, subjecting one to lowering of the eyes to avoid looking at the other, and pushing back an outstretched hand. It is nourished with dangerous implications, sensational speeches and formatted programmes. This reality is complex, infinitely balanced, infinitely delightful, and always mysterious.

Avant-propos, Foreword, p. 8
EXTRAIT
Djoumoi n'est pas Comorien. Il est Zanzibari.
Ali n'est pas Comorien. Il est Malgache.
Kamal n'est pas Comorien. Il est Réunionnais.
Salma n'est pas Comorienne. Elle est Française.
Serions-nous, ma mère, le peuple de la négation ?

Djoumoi is not Comorian. He is a Zanzibari. Ali is not Comorian. He is a Malagasy. Kamal is not Comorian. He is from Reunion. Salma is neither a Comorian. She is French. Mother, shall we remain people denied of their existence ?

p. 63
COMPLÉMENT BIBLIOGRAPHIQUE
  • « Contes de ma grand-mère (contes comoriens) », Paris : L'Harmattan, 1994
  • « Le sang de l'obéissance », Paris : L'Harmattan, 1996
  • « L'odeur du béton », Paris : L'Harmattan, 1999
  • « Métro Bougainville … des Comoriens » photographies de Jean-Pierre Vallorani, Marseille : Via Valeriano, 2000
  • « Un conteur dans ma cité », Marseille : Encres du sud, 2000
  • « Nuit d'automne », Marseille : Encres du sud, 2001
  • « Pichou et Michou, promenons-nous dans les bois » illustrations de Aboubacar Mouridi, Marseille : Encres du sud, 2001
  • « Sur le chemin de Milépvani, je m'en allais (contes comoriens) », Paris : L'Harmattan, 2001
  • « Wis, où est passé mon anh-anhan » illustrations de Aboubacar Mouridi, Marseille : Encres du sud, 2001
  • « Marâtre », Moroni (Comores) : Komedit, 2003, 2007, 2010
  • « À feu doux », Paris : Françoise Truffaut, 2004
  • « Chifchif et la reine des diables = Shifshif ne m'fawume wahe madim'ku », Paris : L'Harmattan, 2004
  • « De cette terre : quête d'une identité comorienne » photographies de Saïd Abasse Ahmed, Marseille : Encres du sud, 2004
  • « Sagesses et malices de Madi, l'idiot voyageur » illustrations de Mokeït Van Linden, Paris : Albin Michel, 2004
  • « Contes et légendes des Comores, ou Genèse d'un pays bantu » illustrations de Aboubacar Mouridi, Paris : Flies France, 2004
  • « Hamouro », Paris : L'Harmattan, 2005
  • « Hassanati : de Mayotte à Marseille », Paris : L'Harmattan, 2005
  • « Les matins de p'tite Lô aux Comores », Paris : L'Harmattan, 2005
  • « Naïa et le tam-tam sacré », Moroni (Comores) : Komedit, 2005
  • « Trois contes vagabonds » illustrations de Dominique Maes, Paris : Flies France, 2005
  • « Les démons de l'aube », Paris : L'Harmattan, 2006
  • « Les aventures de Zolo, le gourmand qui avait toujours faim » illustrations de Dominique Maes, Paris : Flies France, 2007
  • « Ali de Sanzibar » illustrations de Fred Theys, Saint-Denis (La Réunion) : Orphie, 2008
  • « Dimkou et la petite fille » illustrations de Aboubacar Mouridi, Moroni (Comores) : Komedit, 2009
  • « L'avion de maman a craché », Moissy-Cramayel : Cœlacanthe, 2011
Sur le site « île en île » : dossier Salim Hatubou

mise-à-jour : 2 avril 2015
Né en Grande-Comore le 20 juin 1972,
Salim Hatubou est mort, le 31 mars 2015,
à Marseille où il vivait depuis l'âge de dix ans.

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