Shirker / Chad Taylor ;
trad. de l'anglais (Nouvelle-Zélande) par Anouk Neuhoff.
- Paris : Christian Bourgois, 2002. - 359 p. ;
20 cm.
ISBN 2-267-01626-5
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... et cette histoire,
quand elle sera finie,
fera les délices des enfants et des têtes sans cervelle.
☐ p. 11
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Sous la trame d'un film noir
aux péripéties déroutantes, Chad Taylor
esquisse le portrait d'une ville — Auckland — en perpétuel
développement et comme embarrassée par son passé.
L'auteur ne cesse de brouiller
les rassurants repères de la topographie et de la chronologie
mais, une fois épuisés les ressorts romanesques,
le héros quitte la scène — la
ville où l'affaire s'est nouée, jouée
et dénouée — et fait retraite avec Wilhelmina
son amie dans une maison sur la côte ouest, une cabane
de vacances en bois couleur chocolat, avec des rebords de fenêtre
blancs, située à moins de deux cents mètres
de la plage.
Pourtant l'apaisement —
je regarde beaucoup la mer, à présent —
reste précaire ; une inquiétude demeure :
j'ai du perdre quelque chose …
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NOTE DE L'ÉDITEUR : Shirker, premier livre
de Chad Taylor, est un film noir sous forme de roman qui se passe
à Auckland. Ellerslie Penrose, en chemin vers une réunion
de travail, rencontre des policiers qui enquêtent sur l'assassinat
d'une homme qu'ils viennent de trouver dans un conteneur de bouteilles.
Penrose ramasse le porte-feuille de la victime et, sans le donner
à la police, décide d'enquêter lui-même.
Ce qu'il découvre l'emmène vers un monde d'un autre
temps ; un journal intime de l'époque victorienne,
des photos de charme, des héroïnes évanescentes …
Un roman policier gothique qui fait découvrir le plus
prometteur des jeunes auteurs de Nouvelle-Zélande.
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ANDRÉ CLAVEL : […]
Lire
Chad Taylor, c'est […] découvrir les secrets
— et les failles parfois diaboliques — d'une
cité en perpétuelle métamorphose. Avec des
personnages qui s'égarent, se cherchent, se damnent. Et sont
contraints à mener malgré eux de très
périlleuses enquêtes, comme dans tout bon polar. C'est le
cas d'Ellerslie Penrose, le héros de Shirker,
qui trouve un mystérieux portefeuille près du cadavre
d'un vieillard assassiné à l'arme blanche au pied d'une
benne à ordures : cette découverte va changer son
destin et le conduire dans les bas-fonds d'Auckland, à ses
risques et périls.
[…]
☐ Lire, 1er novembre 2006 [en ligne]
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EXTRAIT |
J'ai parfois du mal à
concilier mon existence avec d'autres vestiges du passé :
dans cette ville, tout ce qui peut témoigner du passé
est scrupuleusement éliminé. Si une chose est vieille,
on la démolit ; si elle a une signification, on la
vend. Votre ville n'a pas de temps pour le passé, et ça
me convient parfaitement.
De façon étrange,
ce n'est que récemment que j'ai repensé à
mes origines. Je revois un plan de la ville sur le mur de mon
bureau … Les immeubles étaient construits tellement
serrés qu'on aurait dit un épiderme, dont les crevasses
étaient formées par les rues et les allées.
Or voilà que l'autre jour je me suis rendu compte que
je m'étais trompé, et que ce n'était pas
un plan de ville mais un schéma de dissection …
C'était un cadavre que j'avais toujours contemplé,
de la peau, de la chair, et pas du tout ma ville natale. Remarquez,
je ne pense pas avoir jamais perçu cette ville comme mon
foyer. J'étais un enfant remuant. Mes parents avaient
fait faire mon portrait mais, résultat, comme j'avais
bougé, je n'étais qu'une tache floue sur la photo.
Mes parents sourient. Leurs têtes sont comme collées.
La photo a été prise devant un tableau représentant
un champ.
Cela dit, je ne crois pas qu'ils
étaient réellement mes parents. J'étais
le fils d'un voyageur.
☐ pp. 309-310
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COMPLÉMENT
BIBLIOGRAPHIQUE |
- « Shirker »,
Edinburgh : Canongate books, 2000
- « Shirker »
trad. de l'anglais (Nouvelle-Zélande) par Anouk Neuhoff,
Paris : 10/18 (Domaine étranger, 3699), 2005
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- « Electric »,
Paris : Christian Bourgois, 2004
- « Salle d'embarquement »,
Paris : Christian Bourgois, 2006
- « L'église de John Coltrane »,
Paris : Christian Bourgois, 2009
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mise-à-jour : 26 août 2019 |
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