THÓR
STEFÁNSSON : Les racines
de la poésie islandaise remontent haut dans le Moyen
Âge. Nous sommes assurés de sa
fécondité ininterrompue depuis la colonisation de
l'Islande par les Norvégiens au IXe
siècle de notre ère. Ce patrimoine
poétique est très vivace dans l'esprit des
Islandais d'aujourd'hui. Non seulement, il appartient au bagage
culturel de chacun de nous, mais encore il est lu et
apprécié en tant que tel et pas seulement pour
son intérêt historique ou en tant que
curiosité.
[…]
La rupture avec la
versification traditionnelle n'est intervenue chez nous qu'au milieu du
XXe
siècle. À la suite de quelques
précurseurs, ce sont les poètes dits
« atomiques » qui ont
créé cette rupture. Ces poètes, dont
les premiers recueils apparaissent vers 1950, ont tous
écrit, entre autres formes, des poèmes en vers
libres. Et c'est ainsi qu'ils ont été l'objet
d'une critique d'une violence exceptionnelle dont le large public s'est
fait amplement l'écho. […] De nos jours, moins de
lecteurs s'intéressent à la poésie
qu'au début du XXe
siècle, mais cela n'incombe pas uniquement aux
« poètes atomiques »
ni à ceux qui les ont suivis. Chacun sait que notre temps
libre est désormais sollicité par une multitude
de choses. Les « poètes
atomiques » sont maintenant
appréciés par les amateurs de poésie,
à la fois du fait de leur rôle incontournable dans
l'histoire de la poésie islandaise, mais aussi et surtout
pour la qualité et la diversité de leurs
œuvres. Leur renommée dépasse nos
frontières et plusieurs d'entre eux ont
été traduits en français par
l'éminent professeur Régis Boyer.
Pour cette raison, j'ai choisi
d'ouvrir cette anthologie par les poètes de la
génération suivant immédiatement les
« poètes atomiques ».
En ces dernières années, ces poètes,
en leur ensemble, marquent et animent notre vie littéraire
et j'ai souvent résolu de faire porter mon choix les
concernant, sur des textes extraits de leurs recueils les plus
récents.
[...]
☐ La
poésie islandaise, pp. 151-153
|
EXTRAITS |
[…]
là-bas fin de la route
au bord de la plage !
Suite
pas de suite.
[…]
☐ Thorsteinn frá Hamri, La
Route, p. 36
|
Entre nous
des continents entiers
les côtes
le ressac
nous nous regardons dans les yeux
à travers l'océan tanné
nous savons que les terres
peuvent couler
☐ Ágústína
Jónsdóttir, Ressac, p. 76
|
Cela arrive parfois
comme si un bateau
côtier illuminé
passait dans un fjord sombre
d'un coup
une porte s'ouvre
entre des mondes
l'univers
tellement plus grand
qu'il t'en souvenait
☐
Óskar Árni Óskarsson, Une
porte imprévue, p. 96
|
|
|