Quatre contre
l'Arctique / David Roberts ; trad. de l'anglais par
Marie-Christine de Rosnay. - Chamonix : Guérin, 2006. -
387 p. : ill. ; 23 cm. - (Terra nova).
ISBN 2-911755-87-1
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NOTE DE L'ÉDITEUR
: Une enquête captivante sur la plus étonnante histoire de
survie que l'on connaisse ! Il s'agit de quatre marins russes
rescapés d'un bateau naufragé au nord du cercle polaire
au XVIIIe siècle.
Ils survivront six ans sur une île du Spitzberg, l'un des lieux
les plus inhospitaliers du globe, sans rien d'autre que leur
intelligence, douze balles, un fusil et un briquet. Leur
délivrance viendra du hasard : un baleinier passait par
là. C'est un premier miracle.
L'autre miracle, littéraire celui-là, est que leur
récit a été pris en déposition par le
procureur 1 du Tsar. David Roberts a pu reconstituer ainsi les conditions de leur terrible épreuve.
Ce livre est une ode au génie des hommes, capables de retrouver
leurs réflexes primitifs et de se soutenir avec compassion. 1. | Pierre-Louis
Le Roy, un Huguenot dont la famille avait fui la France après la
révocation de l'Édit de Nantes ; il recueille les
témoignages des survivants dans le cadre d'une enquête
officielle — cette histoire semblait “ si
extravagante que d'abord on ne les a pas crus. Ils furent
interrogés comme des criminels et des auditeurs
soupçonneux leur demandèrent de répéter
sans cesse leur histoire afin d'en faire émerger les
contradictions ” (p. 23). |
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EXTRAIT |
Le
jour où ils furent secourus, le 15 août 1749, ils avaient
calculé qu'ils étaient le 13 août. Sur la somme de
2300 jours, ils n'avaient oublié que deux jours, ou quatre,
s'ils n'avaient pas compté les années bissextiles de 1744
et 1748. Le Roy en est presque admiratif. Ils n'avaient ni
chronomètre, ni même un cadran solaire,
réfléchit-il. Pendant les trois mois d'obscurité
totale en hiver, la révolution des constellations était
certes une mesure fiable pour compter vingt-quatre heures. Mais
à quoi se fier, quand les nuages ou la tempête masquaient
la lune et les étoiles ?
Le Roy pressa si bien Aleksei de questions que celui-ci lui
répliqua « avec une espèce
d'émotion ». C'est le rare passage de la Relation
de Le Roy où l'on peut entendre la voix des marins. Voici donc
la réplique du vieil Inkov en entier : « Quel
pilote ferois-je si je ne savois point prendre la hauteur du Soleil
quand on voit cet astre ; & si j'ignorois la manière de me
régler sur le cours des étoiles, quand il ne paroit
point, & de déterminer par ce moyen l'espace de 24
heures ? Je m'étois fait un bâton propre à cet
usage semblable à celui que j'avois laissé sur notre
bâtiment ; c'est de cet instrument dont je me servois pour
faire mes observations ». Le Roy en conclut que
« cet instrument … étoit ce qu'on appelle
le bâton de Jacob, ou quelque chose d'approchant ». Il
demanda à Inkov de lui montrer cette sorte de sextant primitif.
Sur sa manière de compter les jours sans se tromper quand le
ciel est invisible, nous ne saurons rien.
☐
p. 124 |
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COMPLÉMENT
BIBLIOGRAPHIQUE
- « Four against the Arctic », New York : Simon & Schuster, 2003
- Pierre-Louis Le Roy,
« Relation des avantures arrivées à quatre
matelots russes, Jettés par une tempête près
de l'Isle déserte d'Ost-Spitzbergen, Sur laquelle ils ont
passé six ans & trois mois », Saint-Petersbourg,
1766
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mise-à-jour : 2 mars 2007 |
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