NOTE
DE L'ÉDITEUR : Que venait
donc faire Martine Gauvard sur l'île de
Trécorbier, l'île du silence ? Et
à la suite de quels tragiques
évènements a-t-elle atterri dans la clinique
psychiatrique de la Roche-Closerie ?
C'est ce que va s'efforcer de
découvrir sa sœur Elise, en marchant sur ses
traces. Elle ira de surprise en surprise, tiraillée entre
les délires de Martine et la réalité.
Mais le Chien de Mer était bien réel, lui, qui
faisait régner la terreur sur
l'île …
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Le polar insulaire
est un genre en plein essor qui, le plus souvent, exploite les
ressources offertes par une topographie et un milieu social nettement
circonscrits — c'est la veine que privilégie,
parmi d'autres, l'américain Philip Craig
à Martha's Vineyard — ou la tension
dramatique d'une action qui se déroule à huis
clos — l'exemple le plus illustre étant,
sans conteste, Les
dix petits nègres d'Agatha Christie.
En situant son intrigue sur
une île bretonne imaginaire, et en imposant à ses
protagonistes de nombreux va-et-vient entre l'île et le
continent, Olivier Cousin se démarque
délibérément de ces deux
modèles. L'insularité, pourtant, est bien au
cœur des Muets de Trécorbier ;
en effet, l'histoire est progressivement dévoilée
selon les points de vue divergents de deux sœurs, toutes deux
venues du continent, par le truchement desquelles l'auteur propose deux
“ regards ” fortement
contrastés sur l'île et ses habitants.
L'intrigue se construit ainsi
sur un jeu de miroirs déformants, et il revient au lecteur
de suivre le cours du récit avec le recul
nécessaire pour éviter le piège d'une
vision trop conventionnelle du monde insulaire …
sans être assuré, pour autant, qu'un conformisme
n'en cache pas un autre.
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