Les
naufragés du Batavia [suivi de] Prosper / Simon Leys. -
Paris : Le Seuil, 2005. - 125 p. :
cartes ;
18 cm. - (Points, P1333).
ISBN 2-02-065435-0
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En 1629, le Batavia
armé par la Compagnie néerlandaise des Indes
orientales
fait naufrage dans l'archipel des Abrolhos, au large de la
côte
occidentale de l'Australie. C'est l'une des fortunes de mer les plus
effroyables de l'histoire nautique européenne ;
c'est
également l'une de celles, sinon celle, sur laquelle les
informations et témoignages d'époque sont les
plus
nombreux.
Pendant une vingtaine d'années, Simon Leys a
caressé “ le projet d'écrire
l'histoire des
naufragés du Batavia ” ;
puis est paru un ouvrage de l'historien gallois Mike Dash * qui propose
une synthèse éclairée de tous les
savoirs
disponibles et qui, par ailleurs, inscrit cette somme dans une
connaissance approfondie de la société
néerlandaise et plus largement européenne de
l'époque. “ Après avoir lu et
relu cette
synthèse définitive, j'ai remisé une
fois pour
toute la documentation et les notes, photos et croquis que j'avais
glanés sur cette affaire dans les bibliothèques
et sur le
terrain : je n'en aurai plus jamais
besoin ”.
Le
bref récit de Simon Leys n'est pas le fruit d'un repentir
tardif ; c'est une lecture attentive des
événements
tels que les a relatés Mike Dash avec pour objectif
de
tenter d'éclairer les circonstances et les dynamiques qui
ont
rendu possible un drame d'une telle noirceur — drame
dans lequel les
forces naturelles ont pesé peu au regard des comportements
humains actifs ou passifs.
Au
terme de cette
lancinante interrogation, Simon Leys évoque un bref
séjour dans
l'archipel. Son constat est bouleversant : la scène
où des
centaines d'êtres humains ont connu l'enfer puis, pour le
plus
grand nombre, une mort atroce s'est parée sous ses
yeux de
grâces paradisiaques …
Prosper le
court récit qui complète le volume rapporte une
expérience vécue par l'auteur dans sa jeunesse,
au temps
où quelques thoniers bretons naviguaient encore à
la
voile ; par sa teneur alerte, Prosper fait
un heureux contrepoint à ce qui
précède.
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Cf. complément
bibliographique en bas de page. |
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EXTRAIT |
Malgré
les épreuves et privations qu'il avait
rencontrées dans
son île, Robinson Crusoe versa des larmes quand il dut la
quitter. On comprend son sentiment. Je n'ai passé que quinze
jours aux Abrolhos, mais il me semble que j'y serais volontiers
resté six mois. Évidemment, je n'étais
pas
naufragé. N'empêche […], si les
rescapés du Batavia
avaient
su s'organiser et exploiter les ressources des deux grandes
îles
et du lagon, ils auraient pu jouir là d'une paix qui
ressemble
assez au bonheur. Bien qu'elles soient
généralement
arides et presque sans cesse balayées du vent, les
îles
jouissent d'un climat très doux. Si les grains de pluie sont
fréquents en hiver, la brise est constamment
tiède et le
soleil ne tarde jamais à reparaître, et alors,
comme le
bleu du ciel rejoint le bleu de l'océan, l'archipel tout
entier
se trouve transfiguré : mangé de
lumière, il
semble se dissoudre dans l'immensité.
☐ p. 69 |
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COMPLÉMENT
BIBLIOGRAPHIQUE |
- « Les
naufragés du Batavia : anatomie d'un
massacre », La
Revue des deux mondes, Septembre 2002, pp. 9-47
- «
Les naufragés du Batavia [suivi de]
Prosper », Paris : Arléa, 2003
|
- Mike Dash,
« Batavia's graveyard »,
London : Weidenfeld and Nicholson, 2002
- Mike
Dash, « L'archipel des
hérétiques : la
terrifiante histoire des naufragés du
Batavia » trad.
de l'anglais par Stéphane Carn, Paris : JC
Lattès,
2002 ; Paris : Libretto, 2017
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mise-à-jour : 5
octobre 2018 |
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