NOTE DE L'ÉDITEUR : Par un soir de décembre, Odin,
petit vieillard ordinaire qui pourrait bien être le dieu
des anciens Scandinaves, s'égare dans une tempête
et se retrouve sur une île, quelque part dans le Nord.
L'accueil chaleureux des paysans du village et des enfants, qui
le prennent pour le père Noël, ne l'empêche
pas de repartir : il doit trouver un vétérinaire
pour sa jument Rigmarole.
Sur le continent, en Sud-Scandie,
Sigbrit Holland, rentrant chez elle, manque de renverser un vieil
homme qui marche sur la route en pleine nuit. Aux questions précises
qui lui sont posées à l'hôpital, il n'a rien
d'autre à répondre que son nom : Odin, et
un récit abracadabrant.
L'île mystérieuse
et introuvable dont il parle excite bientôt toutes les
convoitises, tandis que son histoire, son langage étrange,
ponctué de proverbes anciens, le font passer, aux yeux
de différentes sectes, pour le Rédempteur, le nouveau
messie tant attendu en cette fin de millénaire. Relayée
par les médias, l'affaire prend de l'ampleur et menace
l'ordre social : la Sud-Scandie et la Nord-Scandie se disputent
en effet ardemment cette terra incognita. Espérant
pouvoir mettre un frein à la folie des hommes, Sibrit
et quelques compagnons se lancent eux aussi à la recherche
de l'île …
❙ Janne Teller est née
en 1964 à Copenhague. Depuis la parution de L'Île
d'Odin, rapidement devenu un best-seller, elle a publié
de nombreux recueils de nouvelles, des essais et un autre roman,
Intet.
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EXTRAIT |
Le forgeron ne dit rien jusqu'à
la première rangée de maisons du village et il
se contenta alors de chuchoter quelques mots à l'oreille
de l'oncle Eskild. Par bonheur, l'ouïe de l'oncle Eskild
laissait quelque peu à désirer, aussi le forgeron
dut-il répéter cinq fois ses mots et, la cinquième,
il parla si fort que le boulanger, qui marchait à côté
de l'oncle Eskild, ne put éviter d'entendre ce qui fut
dit :
— Il doit venir du continent.
Le boulanger répéta
immédiatement cette déclaration étonnante aux
personnes autour de lui, lesquelles la firent passer vers l'arrière,
jusqu'à ce que ces mots atteignent les enfants qui marchaient
en queue, après quoi ils furent renvoyés vers l'avant
du cortège, tant et si bien que très vite tous
les habitants de Smedieby savaient ce qu'avait dit le forgeron :
l'étranger venait du continent. Et ça, c'était
vraiment une nouvelle, car la dernière fois que quelqu'un
était venu du continent, c'était du temps où
l'arrière-arrière-grand-mère de grand-mam
Rikke-Marie était enfant et personne ne se souvenait de
temps aussi lointains.
☐ pp. 21-22
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