NOTE DE L'ÉDITEUR
: Par ses rites, l'Église évangélique de
Polynésie française cherche à transmettre une
image tout à la fois protestante et polynésienne de Dieu.
C'est à cette certitude qu'Olivier Bauer est parvenu
après six années de recherches à Tahiti et dans
quelques îles de Polynésie française. Ce travail
lui a valu le titre de docteur en théologie de
l'Université de Lausanne en Suisse.
L'ouvrage commence par une préface de l'ethnologue Pierre Centlivres. Il comprend deux parties principales :
- Dans un chapitre
méthodologique, l'auteur aborde la question des rites sous
l'angle de la ritualisation et de l'influence. Il souligne la
pertinence d'une telle approche pour la théologie protestante.
- Dans un chapitre
polynésien, il applique la méthode à quatre rites
de l'Église évangélique de Polynésie
française : le culte, les funérailles, la
cène et la confirmation. L'auteur décrit ce que peut
voir, entendre, sentir, toucher et goûter celui qui participe
à ces rites. Il analyse en quoi les rites protestants
intègrent la culture polynésienne ou s'en
démarquent. Il met en évidence les stratégies de
ritualisations qu'utilisent les protestants polynésiens.
L'ethnologue trouvera dans
ce livre une description minutieuse et inédite des rites
protestants polynésiens et le théologien une
méthode originale et féconde pour aborder les rites
religieux.
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ALEX DU PREL :
[…]
M. Bauer décortique
et explique dans le plus minutieux détail les rites du
culte, des funérailles, de la cène, etc. L'ethnologue
trouvera quelques pépites dans tout ça, mais ce
qui ressort surtout dans la partie consacrée à
l'histoire de l'Eglise protestante à Tahiti, c'est l'intégration
des éléments de la culture polynésienne
dans l'expression de la nouvelle foi chrétienne, […].
« L'inculturation »,
le contraire de l'acculturation, qui s'est passée à
Tahiti est une véritable « colonisation »
des rites chrétiens européens par les Tahitiens,
une différence remarquable avec ce qui s'est passé
dans d'autres colonies, l'Afrique notamment, où les dominés
ont adopté mœurs et objets imposés par la société
dominante. Il a été de l'intelligence des pasteurs
protestants, plus tard imités par les prêtres catholiques,
de prendre en considération les traditions, les structures
sociales, et d'adapter leurs Églises à ceux-ci.
Le paradoxe est qu'ainsi l'Église
protestante de Tahiti, à l'origine destinée à
« mouler » le Polynésien selon un
idéal occidental, est devenue le dernier véritable
rempart pour tenter de sauvegarder la culture polynésienne.
[…]
☐ Tahiti Pacifique Magazine, n° 156, avril 2004
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