Mohéli,
une île des Comores à la recherche de son identité
/ Claude Chanudet et Jean-Aimé Rakotoarisoa ; préface de Pierre Vérin. - Paris :
L'Harmattan, 2000. - 271 p. : ill. ; 24 cm. - (Archipel des Comores).
ISBN 2-7384-8736-X
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NOTE DE L'ÉDITEUR : Mohéli, la plus petite des Comores,
a perdu au cours du XIXe siècle son enracinement historique
et son identité sous l'effet de deux traumatismes : le
drame des incursions malgaches et la colonisation française.
Les
razzias malgaches, à but négrier, ont
déstabilisé politiquement l'île sans modifier
fondamentalement sa société. La colonisation, elle, l'a
fait imploser. Depuis l'indépendance, s'exprime une forte
revendication identitaire d'autant plus difficile à
concrétiser que l'île est une véritable
mosaïque de communautés ; plus ou moins anciennement
intégrées, celles-ci se sont engagées dans une
intense compétition agraire dans un contexte de grande
insécurité du foncier.
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INTRODUCTION |
La plus petite (211 km2)
des quatre îles de l'archipel comorien (Grande Comore, Anjouan,
Mohéli et Mayotte), la moins connue aussi, Mohéli,
écrin de verdure posé sur l'océan Indien, donne au
visiteur l'image d'un petit paradis perdu hors du temps.
Petite
sœur de Mayotte, et comme elle, trop peu peuplée face
à ses voisins, la communauté mohélienne,
marquée dès l'origine par la diversité et
l'ouverture, a souvent subi, parfois joué, de leur influence,
sans cesser de manifester et de revendiquer une forte
originalité.
Cette identité a été détruite, à partir du XIXe siècle, sous l'effet de deux traumatismes : le drame des incursions malgaches et la colonisation française.
Les
incursions malgache, razzias périodiquement organisées en
vue de la traite négrière (…)
déstabilisèrent la classe politique mohélienne et
relâchèrent ses liens avec Anjouan. Ceci permit ensuite la
prise du pouvoir par le prince malgache en exil, Ramanetaka, qui
deviendra sultan de Mohéli sous le nom d'Abd el Rahman. Par
contre, elles modifièrent peu la société
mohélienne mis à part l'installation des guerriers
Sakalaves et des gens de la suite de Ramanetaka.
La
colonisation française, qui a duré presque
quatre-vingt-dix ans (1886-6 juillet 1975) va, elle, faire
littéralement imploser la société
mohélienne traditionnelle : - l'exil des familles aristocratiques après la suppression de l'esclavage, - l'appropriation coloniale des meilleures terres, - l'assujettissement des Mohéliens et leur exclusion de la vie politique et économique, - l'importation de travailleurs comoriens et étrangers sur l'île, modifient
le tissu social et ethnique, et dissolvent l'identité insulaire
dans le cadre plus large de l'archipel (lui-même longtemps
dépendant de Madagascar).
Depuis
le retour de l'indépendance, l'île réactive une
recherche opiniâtre de son identité vécue soit sur
le mode plus ou moins mythique d'une redécouverte, soit comme
une (re) construction. Cette recherche identitaire est d'autant
plus malaisée que l'île constitue une marqueterie de
communautés d'origines non mohéliennes plus ou moins
anciennes mais qui toutes revendiquent désormais une
identité mohélienne dans un climat de compétition
et d'insécurité de la propriété
foncière.
☐ p. 7 |
| COMPLÉMENT BIBLIOGRAPHIQUE | - Claude Chanudet,
« Moheli et les Comores dans le sud-ouest de l'océan
Indien », Paris : INALCO (Travaux et documents, 11), 1990
- Claude Chanudet,
« Histoire et archéologie des Comores »
publié par le Centre national de documentation et de recherche
scientifique (Comores), Saint-Maur : Sépia, 1997
| - Jean-Aimé
Rakotoarisoa (dir.), « Civilisation de Madagascar :
archéologie, anthropologie sociale et art »,
Antananarivo : Musée d'art et d'archéologie,
Université de Madagascar, 1976
- Christian
Meriot et Jean-Aimé Rakotoarisoa (dir.),
« Ancêtres et société à
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Bordeaux (Cahiers ethnologiques, 6), 1985
- Jean-Aimé Rakotoarisoa, « Mille
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une île au milieu des terres », Paris :
L'Harmattan, 1998
- Conrad
Phillip Kottak, Jean-Aimé Rakotoarisoa, Aidan Southall et Pierre
Vérin (éd.), « Madagascar : society and
history », Durham : Carolina academic press, 1986
- Sophie
Blanchy, Jean-Aimé Rakotoarisoa, Philippe Beaujard et Chantal Radimilahy (dir.), « Les dieux au service du
peuple : itinéraires religieux, médiations,
syncrétisme à Madagascar », Paris : Karthala, 2006
- Jean-Aimé
Rakotoarisoa et Claude Allibert (dir.), « Vohémar,
cité-état malgache », Paris : INALCO
(Etudes océan Indien, 46-47), 2012
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mise-à-jour : 13 mars 2018 |
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