Poussières
de la route / Henri Calet ; établissement du texte, notes
et préface par Jean-Pierre Baril. - Paris : Le Dilettante,
2002. - 317 p. ; 18 cm.
ISBN 2-84263-056-4
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En juillet 1955, Henri Calet, accompagné
de sa femme et de son fils, se rend sur l'île de Noirmoutier
pour effectuer un reportage destiné au Figaro Littéraire
(qui le publiera le 3 septembre 1955).
« Les îles ne conviennent
guère à ma nature », avoue-t-il, ce qui ne bride aucunement son attention,
au contraire. Il se documente, lit le Guide Bleu et le
livre d'un érudit local, dépouille
quotidiennement Ouest-France, écoute son hôtelière
— « une aimable dame de quatre-vingt-deux
ans » —, découvre les joues de
raie et y prend goût, ce qui finit par l'inquiéter :
« vais-je pouvoir trouver des joues de raie à
Paris ? ». Un matin il entreprend le tour
de l'île dans « une petite carriole tirée
par un âne nommé Mousse » ; plus tard il est appelé à fréquenter les gens « bien » de l'île. Il se
réjouit du spectacle des moulins à vent, suit avec une ironique
inquiétude la progression risquée de touristes imprudents sur le Gois
qui, à marée basse, permet de circuler entre l'île et le continent.
Henri Calet n'a séjourné
que dix jours à Noirmoutier ; sur ses traces, on
croit découvrir l'île, un bout de terre océane
où il faisait bon vivre il y a un demi-siècle.
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NOTE DE L'ÉDITEUR : Poussières de la route
déroule une série de textes qu’unit le regard de
Calet sur le monde, le regard goguenard et interdit, l’œil
tout à la fois lucide et surpris du monsieur là par
erreur et qui pourtant s’investit ; le fraternel passant
déçu et amusé. Il nous parle de ses rêves de
table en bois ou de Daladier, des vacances ou d’Herriot, de
l’Opéra où l’on joue Rameau et de stock-car,
de la mer et du souvenir.
❙
Henri Calet est né à Paris en 1904 et mort à Vence
en 1956. Après ses études secondaire, il s’adonne
à de petits métiers et de grands voyages. Il publie son
premier roman, La Belle Lurette, à
trente ans. Prisonnier durant la Seconde Guerre mondiale, il
s’évade après sept mois de captivité, et
interrompt l’écriture au profit d’activités
strictement lucratives, comme celle de statisticien, ou de directeur
d’une usine de céramiques. Retrouve
l’écriture par le biais du journalisme. Collabore à
Combat, et publie
régulièrement à partir de 1945. Il meurt à
l’âge de cinquante-deux ans le 14 juillet 1956.
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EXTRAIT |
[…]
Pour
entreprendre l'exploration méthodique de l'île, il
m'eût fallu une auto, ou, à défaut, un
« scooter ». N'ayant ni l'un ni l'autre, je
conçus le projet de louer une voiture à âne. Ai-je
dit que l'on fait l'élevage des ânes à
Noirmoutier ? À ce propos, mon hôtelière, une
aimable dame de quatre-vingt-deux ans, me cita, un jour, une phrase
— une boutade certainement — de Pierre l'Ermite,
son chroniqueur favori : « Il y a plus
d'ânes que de chrétiens à Noirmoutier. »
Cette personne était pleine d'attentions à l'égard
de ses pensionnaires. À l'heure des repas, elle allait de table
en table, et c'était chaque fois une bonne
surprise : tantôt elle nous montrait un objet
précieux, tel que la fourchette d'Henri IV, tantôt
elle nous racontait une histoire comme celle de la nuit de noces du
beau gitan de l'Herbaudière que je ne crois pas pouvoir
rapporter ici.
[…]
☐ Le tour de l'île en voiture à âne — texte intégral sur Chroniques Nomades [en ligne] |
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mise-à-jour : 9 mai 2018 |
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