Les reliques royales
à Madagascar : source de légitimation et
enjeu de pouvoir, XVIIIe-XXe
siècles / Marie-Pierre Ballarin ;
préface de
Françoise Raison-Jourde. - Paris : Karthala, 2000.
-
470 p.-[16] p. de pl. : ill. ;
24 cm. -
(Hommes et sociétés).
ISBN
2-84586-065-X
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NOTE
DE L'ÉDITEUR
: Dans
les sociétés sakalava de l'Ouest malgache, le
culte des reliques est pratiqué d'abord dans un cadre
familial. Il évolue en culte dynastique au fur et
à mesure de la constitution des dynasties. Dès
lors, des reliques sont confectionnées à partir
d'éléments prélevés sur le
corps du roi défunt. Par leur médiation,
l'ancêtre royal tient la même place protectrice que
le saint médiéval pour les descendants royaux,
mais aussi pour l'ensemble des sujets. La protection reconnue aux
reliques se transforme, au XVIIIe
siècle, en légitimation politique du
rôle de la dynastie.
Désormais,
les restes du corps du roi sont conservés dans un reliquaire
et
jouent un rôle fondamental dans l'exercice du pouvoir. Si les
reliques sont une condition du pouvoir, elles peuvent être
objet
de convoitise. Source de légitimation, source
légitimante, elles ont un rôle
déterminant lors de
la perte d'indépendance des royautés de l'Ouest.
Les
conquérants sont d'abord merina, venus des Hautes-Terres
à partir de 1810, soutenus par l'assistance anglaise, puis
français à la fin du XIXe
siècle. Les reliques entretiennent la fiction d'une
continuité. Enfin, symbolisant les anciennes formes de
pouvoir,
elles restent un enjeu à l'époque coloniale et
post-coloniale.
Comment le religieux
s'articule-t-il au politique dans le cadre colonial
sécularisé, lorsque l'administrration se met en
place,
lorsque le nationalisme malgache s'affirme dans les années
1930,
lorsque se profile l'Indépendance vers 1956 ? Le
culte des
reliques permet aux autochtones de recréer et de
rénover
l'idéologie aristocratique, mais il justifie
également
les gouvernants en place qui tentent de récupérer
la
symbolique royale et qui interviennent dans la gestion des cultes
dynastiques.
Au
terme de cet ouvrage, l'auteur s'interroge sur le rapport aux
ancêtres royaux après l'Indépendance,
à
travers l'étude du procès qui déchire
les deux
branches dynastiques héritières des rois du
Boina,
région du nord-ouest de l'île, depuis 1957, et
dont
l'enjeu identitaire est la possession des reliquaires. Le
procès
permet d'analyser l'ambivalence entre pouvoir et religion et de mesurer
la vitalité, dans le contexte local actuel, de ces anciens
principes idélogiques.
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COMPLÉMENT
BIBLIOGRAPHIQUE |
- Henri
Médard, Marie-Laure Derat, Thomas Vernet et Marie-Pierre
Ballarin (dir.), « Traites et esclavages en Afrique
orientale et dans l'océan Indien »,
Paris :
Karthala, CIRESC, 2013
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