NOTRE
LIBRAIRIE, n° 134, mai-août 1998 : […]
Dans ce recueil d'impressions
et de sensations écrites sur « le champ »
(à Nouméa, Lifou, Tokanod, …) parfois accrochées
à des évènements (fêtes des mères,
des ignames, guerre du Golfe, …) et couvrant une multitude
de sujets, quelques thèmes fédérateurs (la
parole, le pays, l'homme, les danses, les prières, etc.)
servent de fil conducteur dans les différentes parties
de l'ouvrage.
Si beaucoup d'écrits se
rapportent tant aux situations de détresse sociale de
Nouméa qu'aux conditions d'existence des Kanaks victimes
de l'oppression coloniale et du désœuvrement culturel,
il ne faut pas oublier que Wanir Wélépane est pasteur
originaire des îles Loyauté. Ainsi une place de
choix a été réservée aux textes religieux,
prières, sermons, … notamment à destination
des ressortissants, majoritairement protestants, des îles
où la pratique religieuse n'est plus aussi fervente et
mérite donc d'être redynamisée. Il faut aussi
mentionner ces récits sur les « petites histoires »
des îles, sortes de petites fables moralisatrices en langues
vernaculaires, non traduites, à destination d'une communauté
insulaire en quête d'elle-même.
La forme littéraire adoptée
reste très libre, elle est largement conditionnée
par le sens et le message que veut donner l'auteur à ses
écrits, même si la forme poétique est la
plupart du temps utilisée pour permettre, comme le précise
Marie-Claude Tjibaou dans sa préface, « de
laisser parler son cœur librement et d'exprimer des sentiments,
de se mettre à l'écoute de la souffrance des hommes,
de sa propre souffrance ».
[…]
Homme d'église, spectateur
mais en même temps acteur de la vie calédonienne,
[…] ; homme engagé, militant des grandes causes
sociales et politiques […] ; homme simple de tous
les jours qui partage avec chacun les joies et les souffrances
quotidiennes, Wanir Wélépane est cet homme pluriel
représentatif de la complexité calédonienne
en cour de mutation et en quête de son devenir.
Macate Wénéhoua