Fondus au noir / Roland Rossero. - Nouméa : Grain de sable, 2007. - 106 p. ; 21 cm.
ISBN 978-2-84170-123-0
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NOTE DE L'ÉDITEUR
: Dans ces dix nouvelles, l'amour du septième art tenaille
toujours l'auteur. Ainsi, beaucoup de films-cultes parsèment ces
voyages vers un monde meilleur ou angoissant.
Fondus au noir aborde
des thèmes fédérateurs tels que la
nécessité du contact avec les autres, la magie de la
parole et l'exaltation des souvenirs.
Tantôt légères et drôles, tantôt
sombres, ces histoires se déroulent en Nouvelle-Calédonie
ou sur une île tropicale à l'atmosphère voisine. La
mort rôde toujours, qu'elle soit imminente,
déguisée en maladie ou sublimée par la
cinéphilie. Elle nous ouvre aussi le passage obscur qui nous
sépare de l'Au-Delà.
Ce troisième recueil clôt une trilogie amorcée avec Contacts et Celle qui parle sans arrêt dans son jardin.
Né en 1950, Roland Rossero
passe sa jeunesse à Lyon. D’avoir vécu son enfance
à quelques encablures de la maison de frères
Lumière a illuminé sa vie par écran
interposé. Domicilié à Nouméa depuis 2002,
il s’est mué en journaliste culturel pour le journal
hebdomadaire Les Infos.
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EXTRAIT |
Séraphin
Le banc du poissonnier … Ça fait
bizarre, tous ces picots, ces becs de cane bien rangés sur la
glace comme pour un défilé. Les filets de marlin, on
dirait une frise que les petits dessinent et colorient dans leurs
cahiers. Moi, les poissons, je les ai toujours vus dans la mer ou dans
la barque. Le retour au petit matin, fatigués mais contents. Le
vidage des tripes, l'écaillage et le temps d'en griller une, de
boire un café avant d'aller dormir sur la natte. Quelquefois, Les Nouvelles étaient
déjà dans la case, pas encore dépliées,
elles m'attendaient … Bon, la politique, je lisais,
mais … c'est surtout les pages sur les communes de brousse
qui m'attiraient en premier, la nôtre surtout …
L'occasion de voir la bobine d'untel ou de sa femme, des jeunes
mariés, les concours de boules, de pêche
annoncés …
Bonjour, monsieur ! Vous désirez quelque chose ?
Qu'est-ce qui m'veut çui-là … Est-ce que j'ai une tête à acheter du poisson ???
[…]
Alain
Voilà
les conserves, les boîtes en fer blanc qui nourrissent les
pressés, les adeptes du déjeuner sur le pouce. Le thon,
les maquereaux ou les grosses sardines dégoulinantes d'huile
à picorer à même la ferraille et les mouillettes
nettoyantes, qu'on y plonge, comme si on devait rendre les consignes
propres. Quand on a très faim ou qu'on la partage, cette
dînette prend des dimensions goûteuses incommensurables.
Ces petits sarcophages à poissons sont des mets divins, du
caviar gris d'Iran dans certaines circonstances. Les vacances
fauchées à deux avec la petite guitoune qui se plantait
n'importe où … c'est sûr, on n'allait pas
faire de la grande cuisine, alors un cassoulet à cuire dans son
jus sur le bleuet, c'était Bysance. Un yaourt en dessert, mieux,
quelques fruits séchés et, malgré un Nes'
dégueu et tiède à suivre, le roi n'était
pas notre cousin.
La liste, pp. 18-19 |
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COMPLÉMENT
BIBLIOGRAPHIQUE
- « Contacts », Nouméa : Le Chien bleu, 2001
- « Celle qui
parle sans arrêt dans son jardin, et autres histoires
calédoniennes », Nouméa : Le Chien bleu,
2004
- « Nomade's land », Nantes : Amalthée, 2009
- « Arracheur de temps », [Nouméa] : Cinétics, 2011
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mise-à-jour : 16 février 2013 |
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