Une saison aux Comores /
Nassuf Djailani. - Moroni (Comores) : Komedit, 2006. -
125 p. ; 17 cm.
ISBN
2-914564-35-K (erroné)
|
9ème
édition du Prix du Livre Insulaire : Ouessant 2007 |
livre
en compétition |
NASSUF
DJAILANI
: […]
J'entends
déjà tes murmures cher lecteur, chère
lectrice qui t'interroges sur le titre “ Une saison
aux
Comores ” […].
La
question consacrée, c'est d'où parle l'auteur,
qui est-il et que veut-il dire ?
Absentes
des cartes géographiques, des mémoires. Terre
muette dont l'histoire est niée, timidement
racontée en
des paroles évaporées au premier souffle du vent.
Quel
choc cela fut pour les jeunes écoliers que nous
fûmes
d'avoir à être habité par l'autre, le
laisser
construire notre imaginaire, nous dicter notre propre version des
choses, devenir notre mémoire.
Il
était une fois une île, plusieurs îles,
quatre
îles. Vomies par la gueule béante du volcan fou
sur le
flanc de la mère Afrique. Bercées par les
courants
marins, écumes du vaste océan Indien. Absentes
des
manuels d'histoire, des mémoires. Pourtant
évoluent
là, dans ce huis-clos de 374 km2,
une population,
des populations venues des quatre coins du monde. Au lendemain des
indépendances, les peuples de l'Afrique continentale dirent
stop
à la colonisation. L'urgence était à
l'indépendance nationale. Mais voici que dans cet “ Archipel
des sultans batailleurs ”,
une voix, puis deux, puis plusieurs dirent non, — par les
urnes —, au détachement d'avec l'ancienne puissance
coloniale.
“ Rester
Français pour être libre ”,
lisait-on sur les pancartes. Que s'était-il
passé ?
Historiens et hommes politiques de tous bords y vont de leurs
explications. Que s'est-il passé depuis ? Terre
soumise,
c'est de la nôtre que je parle.
Terre
de colère,
orpheline,
enfantée dans la
douleur et la colère cosmique,
(…)
Al-djazaïr l'kamaria,
quatre étoiles
dressées sur la raie dorsale de l'océan,
bercée par la
mère Afrique,
couchée sur son flanc,
tout contre,
déchirée
dès sa tendre enfance par des querelles mesquines,
Ô ma terre !
Séparée
à jamais de ses sœurs comoriennes,
(…)
Ô ma terre,
tu n'es encore que gavage de
promesse,
demain tu rayonneras de tous tes
feux
splendeurs.
Quelques
fragments de vie, sous les lueurs de la
lampe à pétrole venues tout droit de cet
archipel, de ce
bout d'île errant sur l'étendue de
l'Océan,
coincé entre l'Afrique continentale et l'île rouge
de
Madagascar.
Place donc si vous le voulez
bien, à Une saison
aux Comores,
pour un voyage en dix nouvelles 1 à
l'intérieur de cette terre comorienne.
☐ Ébauche
d'une préface, pp. 9-13
1. |
Le
Réquisitoire (p. 15) ; Retour en pays fou
(p. 61) ; Veillée
Kakanoru (p. 66) ; Transie de semence
(p. 72) ; Gueule
de bois (p. 77) ; A maux couverts
(p. 85) ; Culture
sur brûlis (p. 92) ; Amour, Gloire et
Beauté (p. 97) ; Nuit de Dieu
(p. 106) ; La
traversée de l'espoir (p. 111). |
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EXTRAIT |
Domoni, 5 h du matin.
Les
fidèles se courbent pour se chausser à la sortie
de la
mosquée et puis disparaissent dans les ruelles
étroites.
De la jetée on aperçoit l'aube qui commence
à
poindre à l'horizon.
En bas sur la plage, attroupés autour de leur kwasa kwasa 1,
les passeurs finissent de compter les recettes. L'odeur de sable se
mélange à des remugles d'essence. La grande
traversée va enfin pouvoir commencer. Soudain,
— Tout le monde à l'abri !
Le
guet signale la présence des Gardes-Côtes qui font
leur
ronde dans la jetée de Domoni. L'agent vient chercher sa
part du
gâteau.
— La journée commence bien
chef ?
— R.A.S., mon
commandant ! en lui
remettant quelques billets dans la main serrant celle de l'agent. Vite
fait, bien fait, ni vu ni connu.
Les
passagers munis de leurs paquetages montent à bord, un
à
un, le bateau tourne dans tous les sens sous l'effet des vagues qui
viennent s'abattre sur le rivage.
Lorsque le
matelot démarre son moteur Yamaha, tout le monde se met
à murmurer une prière.
☐ La traversée de
l'espoir, pp. 114-115
1. |
Barque de fortune dont les passeurs se servent
pour la traversée (NdA). |
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COMPLÉMENT
BIBLIOGRAPHIQUE |
- « Une
saison aux Comores »,
Moroni (Comores) : Komedit, 2007, 2010
|
- « Spirale
», Marseille : Les Belles pages, 2004
- « Roucoulement »,
Moroni (Comores) : Komedit, 2006, 2013
- «
Nouvelles écritures comoriennes » (avec Salim
Hatubou,
Elbadawi Soeuf et Ben Ali Saindoune), Moroni (Comores) :
Komedit,
2007
- «
Le songe … d'une probable
renaissance … (suivi
de) Roucoulement », Moroni (Comores) :
Komedit, 2010
- « En
finir avec Bob », Paris : L'Harmattan
(L'Instant théâtral), 2011
- « Les
balbutiements d'une louve »,
Moissy-Cramayel : Coelacanthe (En
Scène !), 2012
- « Dire
l'île : ce vert paradis de mon
enfance » avec des
photographies de Jonny Chaduli, Mamoudzou (Mayotte) :
Direction
des affaires culturelles, 2012
- « Se
résoudre à filer vers le
Sud », Paris : L'Harmattan
(Théâtre), 2012
- « L'irrésistible
nécessité de mordre dans une
mangue »,
Moroni (Comores) : Komedit, 2014
- « Haisoratra :
variations poétiques », Moroni (Comores) : Komedit, 2015
- « Comorian
vertigo », Moroni (Comores) : Komedit, 2017
- « Hadith
pour une République à naître,
variations
poétiques » préface de
Saindoune Ben Ali,
Moroni (Comores) : Komedit, 2017
- « Naître ici », Paris : Bruno Doucey (L'Autre langue), 2019
- « Mayotte :
l'âme d'une île » préface et textes de
Nassuf Djailani, photographies de Thierry Cron, Bègles :
Editions des Autres, 2020
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Sur le site « île en
île » : dossier Nassuf Djailani |
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mise-à-jour : 30 septembre 2020 |
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