6ème édition du Prix du
Livre Insulaire (Ouessant 2004)
Prix
« Poésie » |
Anthologie de la
littérature haïtienne : Un
siècle de poésie, 1901-2001 / textes
réunis et présentés par Georges
Castera, Claude Pierre, Rodney Saint-Éloi, Lyonel Trouillot.
- Montréal (Québec) : Mémoire
d'encrier, 2003. - 321 p. ; 23 cm.
ISBN 2-923153-06-9
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INTRODUCTION : La
poésie occupe sans conteste une place
prépondérante dans l'histoire de la
littérature haïtienne. Elle s'impose autant par la
quantité que par les multiples dimensions de son
fonctionnement propre.
Si le roman a longtemps
flirté avec la sociologie, et le
théâtre avec la pédagorie sociale, la
poésie assume, dans l'histoire de la pensée
haïtienne, la lourde tâche de commenter au jour le
jour les évènements majeurs et les crises
historiques, de tirer la sonnette d'alarme devant dangers et
échecs et de proposer des voies pour vaincre le malheur. En
l'absence de propositions qui seraient venues de la pensée
politique ou des sciences humaines, pour combler le déficit
d'un dit du vouloir-vivre ensemble, les poètes ont produit
l'unique discours affirmant la cohésion possible et la
viabilité de la formation sociale haïtienne en
remplaçant par rythmes et tropes ce qui manquait en
théorie. En Haïti, seule la poésie a
toujours su dire Nous.
Paradoxalement —
mais est-ce vraiment un paradoxe ? — la
poésie fut aussi la première à dire
Je. À assumer l'individualité de la voix. Du
romantisme à la Revue Indigène
(1927), de la négritude à Haïti
Littéraire (1960), des poètes
influencés par le surréalisme à ceux
habités par les théories littéraires
issues du marxisme, la poésie haïtienne est le
territoire privilégié du Je. Morcelés
ou opaques, militants ou maudits, étrangers à
eux-mêmes ou se réclamant d'une histoire, les
poètes ont été ceux et celles qui ont
tenu le discours de l'individualité décidant de
son commencement, s'interrogeant sur son parcours, dans le refus ou
l'adhésion.
C'est encore la
poésie qui s'inscrit avec force dans la
modernité. Dès la fin du XIXe
siècle, elle commence à s'approprier la langue
créole comme langue d'écriture. L'effort se
poursuit au début du XXe
siècle, et aujourd'hui, en avance sur tout autre langage
écrit, la poésie haïtienne assume le
bilinguisme de la formation sociale haïtienne. La
modernité est venue aussi des nombreux
déplacements formels et thématiques
opérés par la poésie. Ce n'est pas un
hasard si toutes les tentatives de périodisation de la
littérature haïtienne cherchent leurs principaux
repères dans l'histoire de la poésie. La Revue
Indigène (1927) opère une rupture ne
laissant aucune place à la réconciliation avec le
classico-romantico-centrisme qui caractérisait l'ensemble de
la poésie haïtienne. Depuis, la poésie
haïtienne est restée en dialogue avec toutes les
tendances issues de la modernité littéraire.
Nous avons
préféré présenter les
auteurs par ordre de naissance. Tout autre classement
(thèmes, écoles, poésie de la
diaspora, poésie féminine, poésie
d'expression créole, …) aurait
dirigé la visite en faisant trop
précéder votre lecture par la nôtre, ou
par une convention dont la pertinence n'est pas toujours
fondée, un même auteur pouvant figurer dans
plusieurs de ces groupes. Nous avons choisi de faire confiance
à la lectrice, au lecteur, en leur livrant des textes avec
un minimum de commentaires, en insérant toutefois
grâce à des notices bio-bibliographiques certains
éléments leur permettant d'opérer des
recoupements.
Contrairement à une
idée assez répandue — encore cette
volonté de généraliser ! dont
la preuve n'est pas faite par les textes —, la
poésie haïtienne du XXe
siècle ne présente pas une communauté
d'intentions permettant de parler d'école
littéraire au sens strict du terme. De l'expression de la
solidarité humaine à l'exploration de la vie
intérieure, du nativisme à l'introspection, de la
réflexion sur le monde et les urgences sociales à
la fantaisie et au jeu formel, du monologue au tutoiement, elle demeure
le lieu le plus vivant de la parole haïtienne, dans
l'exploitation de cette tension entre l'autre et moi qui fait,
à la fois, le drame et la richesse du langage.
[lire la version
créole de cette introduction]
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L'Anthologie
présente 102 poètes, de Charles Moravia
(1876-1938) à Bonel Auguste (né en
1973) ;
on y trouve notamment : |
Léon Laleau,
Émile Roumer,
Jacques Roumain,
Anthony Lespès,
Roger Dorsinville,
Clément Magloire Saint-Aude,
Félix Morisseau-Leroy,
René Belance,
Raymond Philoctète,
René Depestre,
Anthony Phelps,
Frankétienne,
Georges Castera,
Jean Métellus,
|
Davertige (Villard Denis),
Josaphat-Robert Large,
Jean-Max Calvin,
Donald Assali,
Yanick Jean,
Évelyne Trouillot,
Marie-Célie Agnant,
Lyonel Trouillot,
Kettly P. Mars,
Marc Exavier,
Dominique Batraville,
Louis-Philippe Dalembert,
Rodney Saint-Eloi,
Pradel Henriquez …
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... et nombre
d'autres qu'il est urgent de découvrir. |
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mise-à-jour : 4 mai
2005 |
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