Les émeutes de Papeete,
en 1987 et 1995, ont mis en lumière la fragiligé
de l'équilibre social en Polynésie française.
Marc Frémy imagine une telle situation insurrectionnelle
et la pousse à son paroxysme ; la petite ville est
le théâtre d'affrontements sanglants tandis qu'à
la périphérie un groupe d'amis trouve refuge dans
une résidence abritée.
Pour tromper le temps et distraire
leur angoisse, les protagonistes improvisent une manière
de concours où chacun devra proposer un récit,
raconter une histoire, comme dans le livre de Boccace (le
Décaméron).
En choisissant ses porte-parole
sur différentes cases de l'échiquier social du
territoire — tahitien(ne), chinois(e), ou popaa ;
fonctionnaire, journaliste, enseignant, ou négociant en
perles — Marc Frémy confronte des points de vue qui,
par leurs différentes tonalités, dressent le tableau
d'un monde aimé menacé de disparition.
Pourtant, au terme de l'exercice,
l'épilogue reste ouvert, laissant subsister l'espoir que
le brutal avertissement dont le dénouement est discrètement
suggéré servira de leçon :
— Mes amis, dit Gouverneur,
nous allons maintenant nous séparer et chacun va retrouver
sa famille. Nous avons passé deux jours hors du temps
et nous devons y retourner. Un monde nouveau nous attend.
— Avec l'aide de Dieu, e ia na te Fatu, conclut Chun Li.
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COMPLÉMENT
BIBLIOGRAPHIQUE
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