Calypso de nuit
/ Lawrence Scott ; trad. de l'anglais (Trinité-et-Tobago)
par Stéphane Camille. - Paris : Sabine Wespieser, 2005. -
691 p. ; 19 cm.
ISBN 2-84805-035-7 |
NOTE DE L'ÉDITEUR
: En 1938, le Dr Vincent Métivier, descendant d'une famille
créole française, vient de prendre en charge la
léproserie située sur la petite île de El Caracol,
au large des côtes de l'île de Trinité. Il se voit
confier par des prêtres, impuissants à le soigner, le
jeune Théo, un garçon noir d'une douzaine
d'années, muet le jour et agité la nuit par
d'étranges calypsos, cauchemars où affleurent les bribes
d'une enfance traumatisée.
Son seul soutien réel, il le trouve en Madeleine Weil, une jeune
infirmière devenue Sœur Thérèse lors de son
entrée dans la congrégation présente sur
l'île : installée ici pour poursuivre des recherches
scientifiques qui la passionnent, elle a aussi été
poussée à fuir les prémices de la guerre par son
père, juif et communiste resté en Europe.
Alors que Vincent est ramené par Théo à sa
jeunesse et à l'oppression des minorités, il vit avec
Thérèse une histoire d'amour exacerbée par le
nécessaire secret qui l'entoure comme par la crise qui gronde
sur fond d'émeutes raciales. Thérèse quant
à elle attend avec une angoisse grandissante des nouvelles de
son père.
Autour de ces trois personnages, confrontés à leur propre
passé, aux rumeurs du conflit lointain mais aussi
déchirés entre la logique du savoir médical et
l'obscurantisme des religieuses, se noue un roman polyphonique,
magnifiquement ancré dans une nature exubérante et
tropicale qui amplifie les sentiments et les douleurs.
❙ Lawrence Scott
est né à Trinité-et-Tobago. Il est arrivé
en Angleterre pour devenir moine bénédictin mais,
après avoir étudié la philosophie et la
théologie, il choisit de quitter les ordres. Il vit aujourd'hui
à Londres, où il se partage entre l'écriture et
l'enseignement.
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EXTRAIT |
Théo
s'était envolé comme les perruches, sautant au bas du lit
pour s'accroupir sur le sol, puis sautant de nouveau pour s'asseoir sur
la commode.
Jesse me dit de venir avec lui au bord de la mer là où
vient l'océan. Viens voir l'océan. Il y a un grand O dans
son Océan.
Théo mâchait son chewing-gum tout le temps enrobant les mots avec sa langue comme il l'avait entendu faire.
Le rivage est caché, coincé en dessous de nous, sous les
grands voiles verts de lianes et de larges feuilles. J'ai jamais vu la
mer comme ça. Si loin, et pourtant si nette, comme un seau
rempli d'eau à ras bord, qui remue et qui déborde.
L'Atlantique,
Jesse dit, qui essaie d'embrasser le monde. C'est une immense
étendue aussi loin que je peux voir, houleuse, miroitante, qui
fait ce tumulte en bas dans la baie. Comme le tumulte produit par de
nombreuses voix qui parlent en même temps, comme dit le
père Angel.
Maintenant, je
connais ma géographie et je sais qu'ils ont l'océan. On
dit, allons à la mer, ou juste, allons au bord de l'eau. Allons
à la plage.
Les mots aussi ont une histoire, père Angel il dit.
☐ pp. 346-347 |
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COMPLÉMENT BIBLIOGRAPHIQUE | - « Night calypso », London : Allison & Busby, 2004, 2006
| site internet de Lawrence Scott |
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mise-à-jour : 2 décembre 2007 |

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