Réflexions
sur l'esclavage des Nègres / Condorcet ;
présentation par David Rochefort. - Paris : Le Monde,
Flammarion, 2009. - 248 p. ; 20 cm. - (Les Livres qui
ont changé le monde, 5). ISBN 978-2-0812-2678-4
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NOTE DE L'ÉDITEUR : 1781 : alors que, en plein siècle des Lumières, le
commerce triangulaire connaît son apogée, la parution
des Réflexions sur l'esclavage des Nègres suscite
la controverse. Quels sont les arguments des partisans de
l'esclavage ? Pourquoi cette pratique n'est-elle pas plus
justifiable moralement qu'économiquement ? Comment
organiser sa suppression progressive (1) ? Telles sont les questions auxquelles répond Condorcet dans ce brûlot (2) publié sous pseudonyme (3). Démontant un à un les rouages du discours esclavagiste, les Réflexions ont
amorcé le combat pour l'abolition et incitent encore chacun
à la vigilance contre toute forme
d'assujettissement …
1. | Au chapitre IX — Des moyens de détruire l'esclavage des Nègres par degré —,
Condorcet estime qu'une politique progressive mais
déterminée d'éradication de l'esclavage pourrait
atteindre son objectif au bout de soixante-dix ans. L'extrême
prudence de la démarche qu'il proposait allait à
l'encontre de son intime conviction ; ainsi pensait-il ne pas voir
rejeter sans examen un projet trop utopiste ou, pour reprendre ses mots, trop chimérique.
On sait que l'abolition effective et sans retour ne fut acquise en
France qu'en 1848, soixante-sept ans après la première
édition des Réflexions ! | 2. | Toujours
élégant et clair, le style est souvent celui d'un
brûlot (Cf. les brefs extraits ci-dessous) : la
sensibilité de Condorcet s'y exprime sans détour.
À l'inverse, la construction, le recueil d'information,
l'argumentation et la portée politique sont d'une grande rigueur. | 3. | Les deux premières éditions sont signées, non sans humour, Joachim Schwartz, “ un bon homme, qui aime à dire franchement son avis à l'univers ”. |
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SOMMAIRE |
Épître dédicatoire aux Nègres esclaves
Mes amis. Quoique
je ne sois pas de la même couleur que vous, je vous ai toujours
regardés comme mes frères. La nature vous a formés
pour avoir le même esprit, la même raison, les mêmes
vertus que les Blancs. Je ne parle ici que de ceux d'Europe, car pour
les Blancs des Colonies, je ne vous fait pas l'injure de les comparer
avec vous, je sais combien de fois votre fidélité, votre
probité, votre courage ont fait rougir vos maîtres. Si on
allait chercher un homme dans les Îles de l'Amérique, ce
ne serait point parmi les gens de chair blanche qu'on le trouverait. (…)
Préface des éditeurs
De l'injustice de l'esclavage des Nègres, considérée par rapport à leurs maîtres
Raisons dont on se sert pour excuser l'esclavage des Nègres
De
la prétendue nécessité de l'esclavage des
Nègres, considérée par rapport au droit qui peut
en résulter pour leurs maîtres
Si un homme peut acheter un autre homme de lui-même
De l'injustice de l'esclavage des Nègres, considérée par rapport au législateur
Les
colonies à sucre et à indigo ne peuvent-elles être
cultivées que par des Nègres esclaves ?
(…) Ainsi,
le raisonnement des politiques qui croient les Nègres esclaves
nécessaires se réduit à dire : Les Blancs sont avares, ivrognes et crapuleux, donc les Nègres doivent être esclaves. (…)
Qu'il
faut détruire l'esclavage des Nègres, et que leurs
maîtres ne peuvent exiger aucun dédommagement
Examen
des raisons qui peuvent empêcher la puissance législatrice
des États où l'esclavage des Nègres est
toléré, de remplir par une loi d'affranchissement
général le devoir de justice qui l'oblige à leur
rendre la liberté
Des moyens de détruire l'esclavage des Nègres par degré
(…) si
nous les proposons, c'est en gémissant sur cette espèce
de consentement forcé que nous donnons pour un temps à
l'injustice, et en protestant que c'est la crainte seule de voir
traiter l'affranchissement général comme un projet
chimérique, par la plupart des politiques, qui nous fait
consentir à proposer ces moyens. (…)
Sur les projets pour adoucir l'esclavage des Nègres
De la culture après la destruction de l'esclavage
Réponse à quelques raisonnements des partisans de l'esclavage
(…) quand
les paysans français seraient pendant trente jours par
année aussi malheureux que les Nègres, s'ensuit-il que
l'esclavage des Nègres ne soit pas insupportable ? et si
l'on a osé imprimer dans quelques brochures que le peuple, en
France, est corvéable et taillable de sa nature, en faut-il
conclure que l'esclavage des Nègres est légitime en
Amérique ? Une injustice cesse-t-elle de l'être parce
qu'il est prouvé qu'elle n'est pas la seule qui se commette sur
la terre ? (…)
Post-scriptum (tableau de la législation des États-Unis relativement à la servitude des Noirs) |
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COMPLÉMENT BIBLIOGRAPHIQUE | - M.
Schwartz [Condorcet], « Réflexions sur l'esclavage
des Nègres », Neufchâtel :
Société typographique, 1781
- M.
Schwartz [Condorcet], « Réflexions sur l'esclavage
des Nègres », Paris : Froullé, 1788
| - « Réflexions
sur l'esclavage des Nègres » postface de Alexandrine
Duhin, Paris : Mille et une nuits (La Petite collection, 351), 2001
- « Réflexions
sur l'esclavage des Nègres, et autres textes
abolitionnistes » présentation de David Williams,
Paris : L'Harmattan, 2003
- « Réflexions
sur l'esclavage des Nègres » présentation,
notes et dossier par Jean-Paul Doguet, Paris : Flammarion (GF,
1411), 2009
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mise-à-jour : 30 octobre 2009 |
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