La
mélancolie du Malecón / Patrice Delbourg. -
Bordeaux : Le Castor astral, 2006. -
216 p. ; 22 cm.
ISBN
2-85920-691-4
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Au
fil des jours d'une semaine, le Malecón —
boulevard du
front de mer à La Havane — tient lieu de
scène aux
monologues croisés et redondants de deux épaves,
Abel
Friche touriste atypique
revenu de tout et Cuba qui titube entre utopie trahie et prison aux
murs poreux.
Les figures convenues de la vie
habanaise — gineteras et barbudos, sportifs
déchus et écrivains exilés, figurants
harassés de désœuvrement
forcé — sont toutes là sous
l'œil vitreux de touristes frisant l'apoplexie, tandis
qu'à l'horizon certains croient apercevoir le reflet sur les
nuages des néons de Miami, ultime espoir ou
suprême
repoussoir selon l'humeur du jour.
Du lundi au dimanche,
règne la lumière d'un crépuscule qui
n'en finit pas.
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EXTRAIT |
Ville
sans éclairage, sans voirie, mais sans danger, on peut s'y
promener à perdre haleine sans être
importuné, La
Havane a été inventée pour y blanchir
ses nuits et
y noircir son tréfonds. Un drôle de Meccano urbain
fait de
bureaucratie mortifère, de combines voltigeuses, de
clientélisme, de joie sensuelle et de croyances
éparses.
Ce n'est
pas si facile, dès son premier bavoir, de vivre avec de
l'eau de tous côtés.
Près
d'un rideau de palmiers, un pauvre diable en cannes
anglaises, vétéran de la Baie des Cochons, arbore
sa
syphilis à un stade avancé avec
l'élégance
aérienne d'un cygne en tenue de gala. Il pèle son
manioc
avec l'œil de Sirius :
— La mer est restée la
même !
— Oui, ça au moins ils n'ont
pas réussi à la changer !
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Jueves,
p. 132 |
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COMPLÉMENT
BIBLIOGRAPHIQUE |
- « Les
désemparés : 53 portraits
d'écrivains »,
Bègles : Le Castor astral,
1996, 2019 (contient, entre autres, des portraits
de Malcolm de Chazal, Georges Limbour, Jean
Reverzy, …)
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mise-à-jour : 7
septembre 2016 |

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