Nouvelles du ciel et des
atolls / Irène Bertaud. - Papeete : Haere po, 2006.
- 106 p. ; 25 cm.
ISBN
2-904171-64-6
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NOTE
DE L'ÉDITEUR
: Entre Tahiti et les îles, il y a suffisamment
d'espace pour un
horizon et pour l'écriture. Mais entre des îles
trop
basses et un ciel trop lointain, il y a aussi de l'espace pour l'amour,
le chagrin et la folie.
Et si les
femmes et les hommes n'arrivent pas toujours à vouloir
vivre ensemble, les enfants ont encore le savoir-vivre perdu
par
les adultes.
Irène
Bertaud-Krassilchik découpe en 16 nouvelles une
réalité tellement polynésienne qu'elle
renvoie le
lecteur à l'universel.
❙ |
Irène Bertaud-Krassilchik est
née en France de parents russes. Une grande partie de sa
carrière a été consacrée
à la communication médicale, métier
qu'elle a exercé pendant plus de 10 ans, à Paris,
New York et Rome, tout en entreprenant une analyse qui la
mènera à devenir psychanalyste. Cessant alors son
activité dans la communication, elle pratique la
psychanalyse en France puis à Papeete, avant de s'installer
à Rangiroa, où elle suit Etienne Bertaud,
médecin généraliste, son compagnon
pendant 20 ans. Celui-ci décède en 2004, mais
Irène Bertaud-Krassilchik choisit de demeurer à
Rangiroa où la population lui apporte un soutien et une
amitié sans faille. |
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EXTRAIT |
[…]
Imaginez
un lieu envahi par les voitures, la place de la Concorde
à Paris, par exemple. C'est ce que je connais de plus
spectaculaire, mais on peut transposer la scène à
Papeete, au croisement du boulevard Pomare et de l'avenue du Prince
Hinoi, si on ne connaît pas Paris. On roule au pas et une
jeune
femme en profite pour sortir rapidement d'une voiture, faire signe de
la main au conducteur et traverser devant les autres autos quasiment
à l'arrêt. Rien que de très banal, vous
me direz.
Où donc est le souci ?
[…]
Pour moi,
ça coince. Comment va-t-elle faire pour retrouver
l'homme de la voiture un peu plus tard dans la
journée ? La
ville est si grande, il y a tellement de monde, de rues, de places,
d'avenues, de croisements, d'immeubles ? Simple, me
répondrez-vous.
[…]
Mais moi
c'est le moment où ils se séparent que je garde
en mémoire comme une blessure, ce moment qui ouvre des
centaines
de perspectives, plus rien n'est sûr, tout peut arriver et
même le pire : qu'ils ne se retrouvent jamais.
Et cela
m'obsède à chaque fois qu'un lieu inconnu m'est
donné à voir, pas un lieu de fiction, comme dans
un film,
non, un lieu qui existe et dont je ne connais pas les
règles, le
fonctionnement.
[…]
C'est
peut-être à cause de cette peur que j'ai choisi de
vivre sur une île, au contraire source d'angoisse pour
d'autres
qui s'y sentent prisonniers, une île petite, dont je connais
les
limites même si je ne les ai pas explorées
à fond,
c'est inutile, je ne crains pas ces quelques sentiers encore
ignorés au bout desquels je sais qu'il y a la mer. Et puis
la
route unique est toute droite, n'en croise aucune autre et, d'ailleurs,
les voitures sont rares : les risques de surgissement de
l'angoisse sont réduits au minimum, ni s'égarer
ni
être bloqué sinon par un orage soudain mais pas
imprévisible, je connais tout le monde, tout le monde
m'ouvrirait sa porte, d'ailleurs jamais fermée, pour
m'abriter.
[…]
☐ L'angoisse, pp. 95-98 |
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COMPLÉMENT
BIBLIOGRAPHIQUE |
- « Une haine soudaine des cocotiers »,
Papeete : Haere po, 2006
- « Rouge
paradis », Papeete : Ed. des Mers australes
(Récif noir), 2008
- « La nuit
tombe vite », Papeete : Ed. des Mers
australes (Récif noir), 2010
- « Rama, la petite
pieuvre de Rangiroa », Papeete : Ed. des
Mers australes, 2012
- « Jours
intranquilles au paradis », Paris :
L'Harmattan (Ecritures), 2016
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mise-à-jour
: 25 juillet 2019 |
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