La pluie régénère
ses sources, le ciel est plein de nuages encore, blancs et doux,
inoffensifs, au creux desquels l'île se repose.
Une paix très simple,
élémentaire, marque ces jours, non pas un exercice
spirituel mais la plus banale constatation reprise en chœur
par tous les les éléments du paysage : il
n'y a plus de tempête.
L'île n'est plus la cible
d'une violence de chaque instant qui la chavirait presque.
Des vagues lentes s'arrondissent
autour d'elle et rebroussent leur écume vers le large.
L'hiver survient comme un apaisement.
Le froid est une pierre où
poser un pied ferme et relever vers l'horizon un regard longtemps
courbé par les tempêtes.
Oui, nous aimons l'hiver et je
l'accueille dans cette matinée d'espace rendu aux yeux,
de paysage déployé comme autant de photographies
oubliées, prises ailleurs.
Il est midi, l'île rassasiée
par l'océan crie grâce et maintient sa tête
hors de l'eau malgré le martèlement des vagues.
☐ pp. 49-50
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